La porte des Enfers
1980. Au détour d’une rue de Naples, des coups de feu. Cris, angoisse, les corps se jettent au sol, d’autres tentent de s’enfuir. Matteo se relève sain et sauf mais Pippo, son fils de six ans, gît sur le trottoir. Dans cette rue de Naples, sur le chemin de l’école, Pippo a laissé sa petite vie s’en aller. L’horreur est là, indicible. Elle se loge dans le faux espoir de Matteo de voir son fils recouvrer la vie sur le trajet jusqu’à l’hôpital. Elle se niche dans le regard vide et les traits soudain affaissés de Giuliana, la mère de Pippo. Elle occupe les jours et les nuits. Elle ronge les cœurs. Et Giuliana n’est plus que rage contenue. « Rends-moi mon fils, Matteo. Rends-le moi ou, si tu ne peux pas, donne-moi au moins celui qui l’a tué » supplie-telle. Et lorsque Matteo rentre désolé et honteux de n’avoir pas su appuyer sur la détente, Giuliana s’en va. Pendant cette soirée, Matteo a fait la connaissance d’étranges personnages dans un café: la mystérieuse Grace, Garibaldo qui sait faire le café comme personne, don Mazerotti, le prêtre de l’église d’en face, rejeté par le Vatican et le professore, un érudit à la recherche des portes de l’enfer – cet endroit où les vivants rejoignent les morts.
2002. Filippo de Nittis revient au nom de son père, Matteo, venger l’homme qui l’a tué vingt-deux ans plus tôt.
Dans ce roman sombre, Laurent Gaudé explore un nouveau territoire, celui des morts. Et on y croit à ce tourbillon de sensations, à cette autre vie tant la langue de l’auteur nous enveloppe et nous enivre, nous transportant avec détermination dans son univers fantastique. Dans un va-et-vient entre 1980 et 2002, entre la vie et la mort, Laurent Gaudé donne vie à des personnages de tragédie, sombres et déterminés et fait la part belle à une Naples ténébreuse. Un bel opus de Laurent Gaudé où l'on renoue avec la force tragique de La mort du roi Tsongor.
La porte des enfers de Laurent Gaudé. Editions Actes Sud (2008)
crédit photo: Actes Sud & Amazon
Papillon, Emeraude, Laurent, Amanda et bien d'autres encore l'ont lu aussi.