Les accommodements raisonnables
Lorsque son fantasque et richissime oncle Charles décède, Paul Stern voit alors son père se métamorphoser. Cet homme posé, aux idées bien arrêtées, va s’accaparer, au-delà des biens, la vie même de ce frère qu’il n’a eu de cesse de décrier de son vivant. La fortune lui revient, il compte bien en profiter : l’argent, le bateau… Mais aussi la femme, encore belle et affublée d’un mystérieux prénom : John-Johnny. A plus de 70 ans, Alexandre Stern croque la vie à pleines dents pendant que celle de son fils s’enfonce doucement dans un avenir incertain. Paul accepte un boulot de scénariste pour un film improbable et s’exile quelques mois dans la mecque hollywoodienne. Au même moment, Anna, sa femme, épuisée par une dépression, demande un internement en maison de repos. C’est à distance, entre une inspiration en panne, des personnalités aux moeurs décadentes, des adeptes de l’ancienne et de la nouvelle école, que Paul suit les frasques de son père et l’état de santé de sa femme. Légèrement perdu, il fait la rencontre de Selma Chantz, une scénariste, véritable sosie d’Anna avant ses trente ans. Paul est troublé par ce double de l’Anna qu’il a aimée. Non pas qu’il ne soit plus amoureux de sa femme mais c’est de celle-ci – celle incarnée par Selma – dont il est tombé amoureux. Comment résister alors à ce signe du destin quand votre vie part à vau-l’eau ?
C’est avec ce nouvel opus de Jean-Paul Dubois que je découvre l’auteur. Et j’avoue que c’est une bien belle découverte qui oscille entre humour grinçant et une forme de désespoir, ou plutôt de douce désespérance (j’aime bien ce mot, moi !). Paul Stern jette sur ses semblables un regard désabusé, interrogeant la vie, les choix et « ces accommodements raisonnables » tacitement conclus à l’heure où tout bascule et lui échappe.
Sûr que je vais aller me plonger dans d’autres romans de Dubois, d’autant plus que Clarabel a eu la bonne idée de nous faire un petit topo (enfin bien complet quand même !) sur ce qu’il faut lire chez Dubois et ce dont on peut se passer. Y’ a plus qu’à piocher par là.
Les accommodements raisonnables de Jean-Paul Dubois. Editions de l’Olivier (2008)
crédit photo: Editions de l'Olivier & Amazon
Et l'avis de Clarabel et Amanda Meyre