Les années
« Elle voudrait réunir ces multiples images d’elle, séparées, désaccordées, par le fil d’un récit, celui de son existence, depuis sa naissance pendant la Seconde Guerre Mondiale jusqu’à aujourd’hui. Une existence singulière donc mais fondue aussi dans le mouvement d’une génération. »
Les années d’Annie Ernaux est une tentative (réussie) de narrer une vie à partir de fragments, d’images, à l’image d’un album photo que l’on feuillette et qui fait inexorablement remonter les souvenirs d’une vie entière. Une vie imbriquée dans l’histoire d’une France en mutation. On frôle à la fois l’intimité de la narratrice et les changements d’une société, d’un pays qui sort de la guerre, révolutionné par le progrès, les avantages sociaux, les lois qui libèrent les femmes, etc. Un livre terriblement intime aux accents pourtant universels, parce qu’ « elle », ce pourrait être tant de femmes. Ses combats, ses interrogations ne sont pas ceux d’une seule femme mais ceux d’une certaine génération. Et parce que le monde, le pays qui tourne autour, c’est le nôtre, celui, selon notre âge, de notre jeunesse ou celui de nos parents ou grands-parents. Une lecture entre intime et Histoire, touchante et délicate. Un récit qui éclaire aussi l’œuvre d’Annie Ernaux, un auteur que j’ai finalement peu lu mais à la faveur de cette nouvelle lumière, j’ai envie de me plonger dans ses livres.
Les années d’Annie Ernaux. Edition Gallimard, coll. Folio/ 2009.
Découvert en lecture commune avec Anne pour qui cette lecture a été une déception, Missbouquinaix qui le qualifie de chef-d’œuvre et Sev qui n’a pas encore publié de billet.
Un merci spécial à Antigone qui a un jour fait atterrir ce livre sur ma PAL ! Son coup de coeur ici.