Le carnet d'or

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Annoncé comme le chef d’œuvre de l’anglaise Doris Lessing, Le Carnet d’or a connu un regain d’intérêt en 2007 lorsque son auteur obtint, à quatre-vingts ans passés, le prix Nobel de Littérature. Et il est vrai que ce Carnet d’or est un livre magistral, étonnant tant par sa forme que par sa liberté de ton et la finesse de son analyse. Véritable panorama de son époque, Le Carnet d’or livre, à travers les yeux et les expériences de son héroïne, Anna Wulf, la pensée sociale, politique et intime des années 50-60 en Angleterre. Anna partage une maison avec son amie Molly. Les deux femmes vivent seules avec leurs enfants : un fils pour Molly, une fille pour Anna. Deux enfants issus de mariages malheureux qui ont fini par un divorce. Anna et Molly sont ce qu’on appelle des femmes libérées. Pendant que Molly vit de ses cachets de comédienne, Anna, elle, n’a pas besoin de travailler. Elle vit des revenus de son roman, Frontières de guerre, écrit quelques années plus tôt et qui a connu un bon succès. Anna est en prise avec le syndrome de la page blanche. Un blocage qui l’obsède. Par peur de l’ « effondrement », elle décide de consigner dans quatre carnets ce qui fait sa vie, la fragmentant pour éviter le chaos. Un noir pour évoquer son œuvre première entre souvenirs qui lui ont servi de toile de fond et rencontres liées à la publication. Un rouge pour parler de son engagement au parti communiste, de la lutte, de la grandeur des illusions mais aussi des doutes et de l’effondrement de l’idéal. Dans le jaune, elle ébauche un roman – l’histoire d’Ella, qui ressemble étrangement à la sienne. Enfin au carnet bleu, elle livre sa vie dans toute son intimité : ses liaisons et son analyse notamment. Malgré ses tentatives pour tenir debout, Anna plonge et se fragmente elle-même, jusqu’à friser la folie.

Grâce à la narration complexe et intelligente qui mêle roman et carnets d’Anna Wulf, le lecteur est directement plongé dans l’éparpillement de l’héroïne, partageant au plus près son intimité faite d’expériences sexuelles et politiques, de réflexions aiguës sur cette pseudo liberté. Car finalement, malgré cette vie choisie ( ?), Anna souffre de ses relations avec les hommes. Parce que même libre, Anna est avant tout une femme qui a envie d’être aimée. Et c’est sûrement ce qu’il faut retenir de ce roman, l’incroyable épopée intérieure d’une femme à la recherche de son identité personnelle et politique. Un livre dense - parfois un peu longuet, il est vrai – d’une incroyable richesse. Ma première rencontre avec l’oeuvre de Doris Lessing et certainement pas la dernière !

Le carnet d’or de Doris Lessing. Editions Le Livre de Poche (première édition originale en 1962).

Publié dans dans la poche

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K
Je l'ai lu l'an dernier (ou l'autre... je ne sais plus...) et bien que je sois parfaitement d'accord avec toutes les qualités qui lui sont attribuées, j'ai vraiment eu un peu de mal à m'y faire... Certains carnets m'ont intéressée beaucoup plus que d'autres, en fait.  Mais le personnage d'Anna a un côté touchant...
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A
J'ai bien fait de le noter donc ! Bonne reprise et bon courage pour les cartons !!!
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V
<br /> <br /> Note, note, c'est vraiment à découvrir!<br /> <br /> <br /> Merci pour les encouragements! Vais commencer par faire des cartons livres, ça me donnera du coeur à l'ouvrage pour le reste ;-)<br /> <br /> <br /> <br />