L'abus de cinéma peut être dangereux pour la santé

Publié le par l'encreuse

La fête du cinéma chez nous, c'était lundi et mardi. Enfin, on en a même deux! Eh oui, il y a deux concurrents sur la place alors on a deux fêtes! La prochaine est pour ce week-end. Autant dire que le choix n'était pas vraiment mirobolant - à moins de migrer vers le grand multiplexe en dehors de la ville (et encore!) et en journée. Comme d'une part, je n'ai plus de voiture et d'autre part, je bossais, nous nous sommes donc rabattus sur les scéances de fin de journée et de soirée, en tentant de trouver le moins pire d'une programmation estivale (enfin ici c'est l'hiver) en général peu avenante. Et l'on se réconfortait en se disant qu'un mauvais film à 2 euros était toujours moins douloureux qu'un mauvais film à 8 euros, non?

 

Premier jour:

Lundi, 18h: "Da Vinci Code" de Ron Howard (je vous passe le casting et le synopsis que tout le monde connaît à moins d'avoir hiberné pendant deux ans dans les contrées les plus reculées du Groenland). Nous n'avions pas lu le livre, en avions abondamment entendu parlé et avions également boudé la sortie du film. Mais bon, 2?, on peut faire un effort. Je n'aurai qu'un mot: "voilà c'est fait!" (enfin quatre). Si l'on a pu se laisser entrainer dans la première partie du film par une intrigue assez intéressante, il y a bien trop de longueurs et de rebondissements à n'en plus finir à mon goût pour qu'il devienne un film agréable à regarder. L'inévitable Jean Reno en flic austère était déjà un premier point noir, un dénouement plutôt tiré par les cheveux et près de trois quarts d'heure de mortel ennui. Bon reconnaissons qu'il y a quelques bons acteurs et les trouvailles de réalisation pour les flash-backs sont sympathiques. Mais il ne faut pas non plus en abuser car ce n'est pas parce qu'on a eu une idée intéressante qu'il faut sans cesse la répéter, au risque de parfois prendre le spectateur pour un imbécile (et que quand les héros ils sont cachés dans la voiture, le spectateur il a compris qu'ils ont réussi à s'échapper de l'avion. Alors Ron Howard, t'es pas obligé de faire un flash-back (même joli) pour nous le montrer! Tu vois après ça donne plein de petits bouts en trop et puis pour finir ton film il est trop long!). Tellement long qu'après je n'avais plus envie d'aller au ciné alors on est allé boire de belles ambrées aux Trois Brasseurs.

 

Second jour:

Avant tout, une petite bière pour cloturer la journée de travail qui s'achève et se réjouir de la soirée qui s'annonce!

 

Mardi 18h: "Quatre étoiles" de Christian Vincent avec Isabelle Carré, José Garcia et François Cluzet. Brièvement l'histoire: Franssou, une institutrice parisienne hérite d'une vieille tante de 50 000 ?. Elle se réjouit, écoute vaguement les conseils de son entourage puis d'un coup disparaît. On la retrouve dans un palace de la côte cannoise où elle a bien l'intention de dépenser cet argent tombé du ciel. Elle y rencontre Stéphane, escroc multi-cartes, qui en veut à son argent. Mais la maligne demoiselle ne se laisse pas si facilement piéger et de fil en aiguille, ils vont s'associer pour tenter d'escroquer un malheureux pigeon, ancien pilote de Formule 1. Une comédie qui se laisse regarder en souriant (j'attendais, au vu des critiques lues sur internet, des dialogues savoureux, de ce côté-là je suis restée sur ma faim) avec comme valeur sûre de bons comédiens: passons sur José Garcia qui est bon mais dans un registre déjà vu et revu et arrêtons-nous sur une Isabelle Carré adorable dans ce personnage de fausse naïve, fraîche et sensuelle. Je la connaissais dans des rôles plus dramatiques (sa magnifique performance dans "Se souvenir des jolies choses" de Zabou Breitman) et je la trouve ici rayonnante. Confirmation d'un talent qui balaye tous les registres. Un coup de coeur particulier pour François Cluzet qui campe admirablement un personnage has been, benêt, gauche, attendrissant. Voilà lui il m'a fait rire dans ce film. Rien de transcendant donc mais une petite comédie agréable pour commencer la soirée.

 

Sortie du ciné, il est 19h40 et le prochain film est à 21h au même endroit. Pourquoi ne pas aller boire une petite bière dans ce petit bar sympathique qui avait déjà accueilli nos libations précédentes? Quelques bières, un petit grignotage et vite, il est 21h! Qu'est-ce qu'on va voir? Ben je ne sais, ça s'appelle "Walk the line" et cela ne me dit rien mais bon, on verra bien.

 

Mardi 21h: "Walk the line" de James Mangold avec Joaquin Phoenix et Reese Whiterspoon. En voyant, Joaquin Phoenix, j'ai une illumination: c'est le film sur le chanteur "jenesaisplusqui" dont j'ai entendu parler! Effectivement, "Walk the line" conte l'histoire de Johnny Cash, le chanteur rock-country des années 50/60. Une vie dont la musique et l'amour sont les moteurs, une vie que la mort d'un frère a ternie, une vie à chercher la reconnaissance d'un père: un mariage qui tourne court, une descente dans les enfers des amphétamines, un talent incontestable, des paroles fortes et touchantes et une obsession, June Carter (chanteuse country de l'époque). Le film tourne d'ailleurs autour de la conquête de cet amour, l'accent est véritablement mis sur l'homme plus que sur la vie artistique même si les deux sont intimement liés. Ce que nous montre des tournées est révélateur de ce que je tente d'expliquer: imaginez fin des années 50, réunissez dans un même bus partant en tournée autour des Etats-Unis Johnny Cash, Elvis Presley, Jerry Lee Lewis. Connaissant les réputations de chacun, on imagine l'ambiance qu'il devait y avoir: alcool, drogue, délires musicaux. Rien de cela ne transparaît dans le film, on y croise les autres, quelques phrases nous permettent de les cerner mais à peine, et les tournées sont résumées par une chanson sur scène la plupart du temps. Ce qui ne retire rien au film mais il est vrai que je m'attendais peut-être à quelque chose de plus percutant sur la vie artistique de ces monstres de l'époque qui ont souvent fait parler pour des raisons qui ne sont pas toujours musicales. Mais revenons à ce qu'il y a dans ce film: sans contexte, un excellent acteur. En effet, la prestation de Joaquin Phoenix est remarquablement réussie. Euphorique, ivre, shooté, en manque: Phoenix sait tout jouer avec justesse. Et mon coeur de midinette craque pour ce héros fou d'amour, qui n'aura de cesse de tenter de conquérir sa belle. Elle finira par dire oui après plusieurs années et maintes demandes réitérées et il faut croire qu'elle a eu raison: Johnny Cash et June Carter sont restés 35 ans ensemble. Elle decède en 2003 et quatre mois plus tard, il la suit dans la tombe (on peut dire qu'il sait y faire lui dans le romantisme!). Un film agréable matiné de morceaux entrainants pour finir cette soirée de fête.

 

Après un film, rien de meilleur que d'aller en parler autour d'une bière, non? Bon d'accord, il n'y en a peut-être pas eu qu'une! Ben on est bavards aussi...

Alors attention, la fête du cinéma ça peut faire mal au crâne le lendemain. Pourtant j'ai pas eu l'impression d'abuser: en deux jours, trois films. Je me souviens quand j'étais plus jeune, il m'arrivait de voir trois films dans la journée...

 

 

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A
Walk the line , j'ai bien aimé, comme Ray. Par contre, j'ai été très déçue par le film français sur Edith Piaf !
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