Ne plus vivre avec lui

Publié le

jeunesse-neplusvivreaveclui

 

A dix-sept ans Sylvia a en marre de la garde alternée et revendique le droit de ne plus vivre avec son père. Il a été absent toute son enfance et il ne semble pas lui accorder plus d’importance à présent, si ce n’est la cantonner à un rôle de boniche une semaine sur deux, s’occupant de la cuisine et de ses petites sœurs Line et Lola. C’est en tentant de faire le deuil de son père, mort brutalement dans un accident de voiture alors qu’elle était au téléphone avec lui, que Sylvia va apprendre à mieux connaître ce père si absorbé par ses idéaux et surtout créer dans l’absence un nouveau lien.

Poétique et touchant, Ne plus vivre avec lui est un texte à la fois violent et doux. Violent comme la mort subite, violent comme la culpabilité de Sylvia, violent tant le vide laissé par celui qui est parti absorbe tout, laissant pantelante la mère de Sylvia et des petites qui, bien que séparée du père, lui voue encore un amour profond. Mais il y a aussi beaucoup de douceur dans ce récit : Sylvia découvre chez son père un livre sur le culte des ancêtres en Asie. Pour ne pas oublier ce père, pour tisser un lien avec l’absent, elle va honorer le mort en suivant cette tradition. Et investir l’appartement de son père décédé : elle qui a tant souffert de l’absence de celui-ci lorsqu’il était à deux pas, va le rendre plus présent que jamais. Même si j’ai pu parfois trouver à ce texte quelques longueurs, l’impression qui s’en dégage est une forme de sérénité et c’est une belle manière, peu habituelle dans ce que j'ai pu lire jusqu'ici en jeunesse, d’aborder le deuil et le souvenir.

 

p. 15 :

« Bang ce n’est rien. Bang c’est quelques lettres pour un bruit. Une onomatopée qui ne veut rien dire. Le bruit que j’ai entendu était fait de milliers de bruits. On parlera de tout ça. Bang. Bang, et mon père est mort. Les milliers d’onomatopées qui l’ont broyé vif. J’ai appelé mon père pour lui demander s’il avait réfléchi, s’il était d’accord que je ne vive plus avec lui. Et il est mort. Je regarde mon portable. Mon père vient de mourir, je suis la seule à le savoir. Je suis la seule à savoir que je l’ai tué. Mon corps est fixé au bout de mon portable. Je dois me lever, hurler, appeler Maman, la police, dire que Papa est mort. Mais je ne peux pas bouger. Je suis clouée dans une certitude terrifiante. Mon père est mort. A cause de moi. A cause de sa fille qui ne voulait plus vivre avec lui. »


 

Ne plus vivre avec lui d’Eva Kavian. Editions Mijade/ 2009.

 

bib.jpg

 

Merci à Antigone pour le prêt du logo!

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
A
<br /> <br /> Pas de soucis pour le logo...;o)<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> <br /> Merci!<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> Moi aussi... Il faut que je fasse un tour chez mes libraires jeunesse préférées...<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> <br /> Oh je rêverais d'avoir encore, par ici, des libraires jeunesses préférées... Du coup ,je pioche allègrement en médiathèques, où heureusement, il y a du choix!<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> L'extrait que tu cites donne envie.<br /> <br /> <br /> Allez, dans ma LAL du matin pour plus tard.. .<br /> <br /> <br /> <br />
Répondre
V
<br /> <br /> Un joli livre pioché dans le fameux rayon ado ouvert il y a peu dans une médiathèque voisine! Vraiment intéressant!<br /> <br /> <br /> <br />