De chair et de sang

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Avec De Chair et de Sang, Michael Cunningham nous emmène dans le rêve américain d’une famille issue de l’immigration: le clinquant des façades mais aussi les coulisses, beaucoup moins reluisantes.

Constantin Stassos, immigré grec, travaille dans le bâtiment et épouse Mary, d’origine italienne. Rapidement, Constantin prospère dans une affaire de construction de lotissements bon marché et devient le parfait exemple de rêve américain : de l’argent, une grande maison, une belle femme et trois enfants, Susan, Billy et Zoé. Mais une fois la porte de la maison close, le vernis se craquelle. Pris d’accès de colère incontrôlable, Constantin bat son fils que Mary tente de protéger. Et lorsqu’il rentre ivre, il a avec son aînée Susan une relation quasi-incestueuse. Avec Zoé, la petite dernière, plus sauvage et inaccessible, il partage le goût de la terre.

Le roman suit les trajectoires des cinq protagonistes : Mary, épouse dévouée et rangée, qui étouffe parfois dans ce rôle trop parfait. Constantin et sa réussite, ses racines et sa paternité complexe. Susan qui elle aussi entre dans un moule pré-établi d’épouse d’un Todd brillant mais peu intéressant. Billy, plein de rage, qui explore sa sexualité et son identité. Et Zoé, perdue, qui s’invente une nouvelle famille. Puis Mary et Constantin deviendront les grands-parents de Ben (le fils de Susan) et de Jamal (celui de Zoé). La vie bouscule les couples et la famille et chacun fait ce qu’il peut pour se construire avec son lot de rancoeurs tues, de colères sourdes, chaque génération traînant avec elle le poids des non-dits et d’un amour qui a souvent du mal à s’exprimer.

Un livre dense et riche, une plongée dans l’envers du décor de la parfaite photo de famille, un roman qui sonde la psychologie familiale, interroge l’identité, la construction avec un regard d’une grande acuité.

 

De chair et de sang de Michael Cunningham (traduit de l’américain par Anne Damour). Editions Le Livre de Poche/ 2011. (1ère édition française en 1995).

 

Merci à Antigone pour cette belle découverte ! Son billet : ici.

Publié dans dans la poche

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N
<br /> <br /> ce roman me faisait de l'oeil depuis un petit moment... Il va sûrement rejoindre ma bibliothèque très vite ! ;-)<br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Il est vraiment à découvrir!<br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> <br /> Je te conseillerais plutôt d'attaquer Les heures, (si tu n'as pas déjà vu le film qui lui est très fidèle et limite donc l'intérêt de la lecture) ou La maison du bout du monde<br /> (et là, si tu as vu le film, tu peux tout de même lire le roman car il est bien plus profond que le film). J'ai été moins emballé par Le livre des jours. <br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Ah si j'ai vu "Les heures"... Alors je note "La maison du bout du monde". Merci pour les conseils lecture!<br /> <br /> <br /> <br />
A
<br /> <br /> Riche et dense, c'est tout à fait ça !! Je n'ai pas lu "les heures" mais j'avais vu la version ciné et j'ai trouvé quelques similitudes... ON entre vraiment dans l'intimité d'une famille ici.<br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> @ tous: je vois que ce livre fait l'hunanimité. Ma première découverte de Cunningham et cela me donne envie de découvrir d'autres titres... sauf le dernier apparemment (n'est-ce pas ICB?)<br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> <br /> Un excellent roman au moins aussi dense et riche que Les heures qui ont rendu Cunningham célèbre. J'ai lu récemment son dernier, By nightfall, (dispo en V.O.) qui est, à mon<br /> sens, beaucoup plus mineur et contournable.<br /> <br /> <br /> <br />
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C
<br /> <br /> Un bon roman dense et riche !<br /> <br /> <br /> <br />
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