Voyage autour de mon crâne

Publié le par l'encreuse

Un jour de 1936, l’écrivain, poète et journaliste hongrois Frigyes Karinthy, assis au Café Central, entend un train démarrer. Puis un second et un troisième. Au quatrième, il se rappelle qu’il n’y a aucune gare dans les environs. C’est le premier symptôme de la maladie qui le frappe : une tumeur au cerveau. De cette terrible expérience, il en a tiré Voyage autour de mon crâne, un récit oscillant entre réalité et hallucinations. Usant d’un humour féroce, Karinthy narre les doutes, l’inconfort de manifestations de la maladie de plus en plus présentes, les examens interminables, les incertitudes, le regard compatissant des proches, le diagnostic enfin annoncé. Puis l’atmosphère aseptisée des hôpitaux, la valse des blouses blanches jusqu’à l’ablation de la tumeur par un spécialiste suédois : «Un boucan infernal. Hurlant, accélérant son sifflement, de plus en plus vite, de plus en plus fort et poussant de plus en plus vers les aigus, un foret d'acier gigantesque me perce le crâne. J'ai encore le temps de me dire: trépan électrique! Telle une caisse de résonance dans un moteur de mille chevaux, ma tête siffle, tonne et gronde, infernal fracas du ciel, déchaînement de la terre. Une dernière secousse, et soudain tout se tait. Cascade de sang vers le dedans.»

Véritable autopsie des ravages de la maladie, le récit de Karinthy suit pas à pas son évolution et livres les tentatives de l’auteur pour l’apprivoiser. Lui qui assez rapidement fait le diagnostic qu’il aura du mal à faire admettre à son entourage. Mais c’est aussi le récit d’une victoire sur la maladie d’abord, sur lui-même et surtout une admirable leçon d’autodérision.

 

 

Voyage autour de mon crâne de Frigyes Karinthy.Editions Denoël.

Publié dans Voyages à l'étranger

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