Le diable de Milan
La belle Sonia sort tout juste d’un mariage que l’on devine tumultueux. Elle fuit la ville pour aller travailler comme physiothérapeute dans un hôtel de luxe niché dans les Grisons. Venue pour y trouver le calme et une forme de paix intérieure, elle va peu à peu renouer avec ses angoisses. L’atmosphère lourde de ce village brumeux, les événements étranges qui surviennent à l’hôtel – curieux mélange de vieux manoir et d’espace ultra-moderne – vont plonger notre instable héroïne au cœur d’une angoissante intrigue. Un ficus qui perd ses feuilles en une nuit, une piscine rendue incandescente, un perroquet noyé dans un aquarium. Autant d’actes apparemment inexplicables. Sonia, au détour d’une lecture, semble pourtant trouver un début d’explication : tout cela serait la mise en scène d’une vieille légende, celle du « Diable de Milan ». Mais dans quel but ? La jeune femme apprendra à ses dépens qu’il ne faut pas se fier aux apparences et que le diable peut se cacher n’importe où.
La force de ce thriller psychologique réside dans l’atmosphère grise et angoissante que fait naître la plume de Martin Suter. Dès le début, les troubles de la perception dont souffre l’héroïne plonge le lecteur dans un monde oscillant entre réalité et hallucinations. Le temps maussade et pesant, les pics des montagnes de l’Engadine, la part de mystère de chacun des personnages, le parfum de vieille légende des événements, tout contribue au suspense. Jusqu’au dénouement déroutant. Du grand art que n’aurait certainement pas renié le maître du suspense Alfred Hitchcock.
Le diable de Milan de Martin Suter. Ed. Christian Bourgois.