Comme des héros sans guerre
Dans un immeuble new-yorkais vivote avec plus ou moins d’animosité une faune hétéroclite. Autour du gardien Sauveur, un ex-taulard, les occupants de l’immeuble s’évitent soigneusement quand ils ne se lancent pas à la figure des mots désagréables. Mais lorsque l’un d’entre eux - Lucy la « pute » - est menacé, le « pédophile », le « junkie », la « morte » et leurs acolytes au surnom évocateur s’unissent pour un ultime combat. Une guerre contre un Parrain qui révèlera des héros inattendus. On découvre peu à peu des personnages attachants qui font exploser le carcan de leurs sobriquets si peu flatteurs pour donner vie au célèbre proverbe : « l’union fait la force ».
Stephen Carrière réunit dans ce roman une pléiade d’anti-héros au passé lourd et dont les plaies sont à peine cicatrisées. Certes ce huis-clos urbain n’est pas exempt de mélo mais l’auteur a su ne pas en abuser et chacun des quatre jours dont se compose le roman offre son lot de surprises. Dans un style simple et efficace, l’auteur nous montre qu’en chacun se cache un héros et souligne avec justesse combien le jugement hâtif est facile et souvent trompeur. Je laisse d'ailleurs le mot de la fin à Sauveur: « Des livres à moitié lus, c’est ce qu’on est les uns pour les autres, des livres à moitié lus… »
Comme des héros sans guerre de Stephen Carrière. Edition Seuil.