« L’air sentait la poussière, la vache et la testostérone. »

En bonne connaisseuse des « place to be », j’y étais et j’y avais même traîné mon amoureux (à vrai dire, une bande de douces dingues qui parlent bouquins, ça l’intriguait plutôt) ! Après avoir parcouru une dizaine de milliers de kilomètres, supporté pas moins de dix heures emprisonnée dans un avion plein comme un œuf, affronté la grisaille parisienne, me voilà enfin installée sur les pelouses d’un parc en compagnie de parfaits inconnus. Inconnus, pas tout à fait. En compagnie de parfaits schizophrènes, devrais-je dire. On se présente, s’interpelle par toutes sortes de noms étranges, des pseudos comme des signes de reconnaissance. Les prénoms s’oublient et s’emmêlent parfois mais les pseudos, eux, servent à recadrer toujours dans ce jeu un peu étrange du « qui est qui ? »
Les présentations faites, les discussions vont bon train entre les péripéties et autres achats londoniens de serial shoppeuses, lectrices et gourmandes, les séries qu’il faut voir, les couvertures de bouquins qu’il faut revoir (hi hi hi), les héros qui font se pâmer, les livres qui plaisent ou pas. Et puis il y avait aussi tout un tas de bonnes choses à grignoter (preuve que les blogueuses savent faire autre chose qu’acheter des livres !) et à boire (ben, on n’allait pas se laisser abattre). Et comme Krolinh n’a plus rien à prouver question organisation, elle a, dans sa grande mansuétude, convoqué l’astre solaire qui a répondu présent. Une surprise n’arrivant jamais seule (j’aime le croire en tous cas), il y avait même un invité mystère. Il était effectivement plus mystérieux pour moi que pour d’autres puisque je n’avais pas lu son roman et que son nom – au premier abord – ne m’évoquait rien de particulier. Mais à peine Krolinh avait-elle prononcé le nom de l’ouvrage que le jeune homme prit soudain un tout autre intérêt. Antoine Laurain (qui ?), l’auteur de Fume et Tue, sélectionné pour le prix Landerneau (Ah oui, celui-là j’en ai entendu parlé !). Les réflexions intérieures que je retraduis ici semblaient être partagées par d’autres. Ouf, je n’étais pas la seule à vivre encore dans l’ignorance d’un Laurain. Je n’étais pas la seule non plus à ne pas avoir suivi les réflexions nourries suscitées par la couverture du dit roman, par voie de web. Malgré le fait que les blogueuses aient d’abord ouvert le feu en disant tout le mal qu’elles pensaient de la couverture, le mystérieux invité a semblé s’intégrer assez facilement dans la petite bande de joyeuses pipelettes. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il avait extrait deux bouteilles de son sac… ce qui me le rendit rapidement sympathique. Caro, si par je ne sais quel hasard, tu décidais de ne pas le faire rentrer au panthéon des chouchous, je mets une option ;)

Mais je m’étonne franchement de n’avoir trouvé sur aucun des comptes-rendus de cette journée un fait qui me semble de la plus haute importance. Les livres ne manquaient pas au milieu de ce pique-nique : les prêtés, les rendus, les offerts… mais il y en a un qui a fait le tour de l’assemblée, attisant les curiosités. Notre invité mystère nous en a même fait une courte lecture à haute voix et plusieurs d’entre nous se sont prêtés à ce jeu malicieux, déclenchant quelques fous rires. Mesdames, pourquoi avoir tu ces épisodes ? Est-ce parce que le livre incriminé se cache d’habitude au fond des sacs à main, que personne n’ose avouer qu’il en lit alors qu’il s’en vend par wagons ? Eh bien, tel un pavé dans la mare, je me jette à l’eau : grâce à Brûlantes retrouvailles (signé Cheyenne McCray chez J’ai Lu, collection Passion intense – oui rien que ça ! ), nombre d’entre nous ont vécu leur première rencontre avec un certain style de littérature communément appelé « à l’eau de rose ». Sans doute aussi leur dernière. M’enfin, histoire de ne pas mourir idiot – en tout cas, moins – j’ai même eu la délicatesse de retenir par cœur (oui il faut savoir parfois faire des sacrifices) une phrase qui illustre assez bien la teneur de cet ouvrage (tant au niveau du style que du contenu), phrase que je vous ai livrée en titre de ce billet. Bel effort, non ? Et quant à savoir pourquoi ce livre se baladait du côté du parc de Bercy ce jour-là, c’est du côté du club des théières qu’il faut chercher une responsable.
Je cause, je cause et puis finalement personne ne me lira parce que c’est trop long ! Juste encore quelques lignes pour dire qu’après voir plié bagages, une bande d’irréductibles est allée s’en jeter un dans un Starbuck du côté d’Opéra, avant d’envahir la jolie librairie d’un monsieur Sam, pourvoyeur de mangas. Un chouchou (de Caroline mais pas que) qui sait faire apparaître des trucs bizarres sur les tickets de caisse et faire rougir les filles… J’ai des preuves de ce que j’avance. Bref, une jolie journée et de belles rencontres. Merci encore à Caroline pour cette joyeuse initiative !
