Les petits ruisseaux
La vie d’Emile est rythmée par « Les chiffres et les lettres », le petit canon au bistrot et ses parties de pêche avec son ami Edmond. Celle de ce dernier, elle, recèle bien des secrets : des petites annonces, des rendez-vous avec des femmes, le corps qui exulte encore et une passion secrète, la peinture de nus. Mais le jour où Edmond confie cette partie cachée de sa vie à Emile, il casse sa pipe laissant un immense vide dans la vie de son ami, déjà veuf. Mais il aura aussi éveillé la petite étincelle du désir qu’Emile croyait éteinte à jamais avec la mort de sa femme. Alors, Emile décide de partir pour un ultime voyage. Un petit périple et des rencontres étonnantes qui lui redonneront le goût de vivre.
J’ai nonchalamment pioché hier soir ce titre de Rabaté dans la pile de BD qu’un ami venait de me prêter. Il m’avait parlé plusieurs fois de cet auteur et j’avais entendu la passion dans sa voix. Comme je la comprends à présent ! J’étais fatiguée et pourtant, cette jolie bande dessinée a su me faire oublier tout ce qui m’entourait. Ça commence avec des dialogues savoureux entre Audiard et brèves de comptoir, ça dépeint la solitude qui vient avec l’âge, les petits gestes avec lesquels chacun forge son quotidien. Ça parle aussi de désir, de sexualité parce que même âgé, on n’en demeure pas moins humain. N’en déplaise à la société, on a le droit d’aimer – et de le montrer - à tout âge ! C’est gai et c’est triste et surtout c’est terriblement touchant. Oui c’est le mot : il est touchant le vieil Emile lorsqu’il essaie de faire du gringue à la dernière conquête de son ami décédé en usant de stratagèmes d’adolescent, rougissant et balbutiant. Touchant et si universel : est-ce que l’on n’a pas tous 15 ans quand on est amoureux ?
Les petits ruisseaux de Pascal Rabaté. Editions Futuropolis (2006).
Crédit photo : Futuropolis & Amazon