Les hommes-couleurs
Dans les années 50, l’ingénieur français Georges Bernache et sa femme Florence sont chargés par l’entreprise américaine Pullman de superviser la construction d’un tunnel qui servira à transporter du pétrole du Mexique aux Etats-Unis. Un chantier pas vraiment rentable qui occupera pourtant des milliers d’hommes. Et pour cause, le couple « détourne » le projet, permettant ainsi pendant des années à des Mexicains de rejoindre les Etats-Unis via un tunnel secret. Des années plus tard, un autre ingénieur, Joshua Hopper, tente de percer le mystère de ce chantier fantôme qui a englouti tant d’hommes et de dollars. Il part sur les traces des Bernache, dans la petite ville de Minas Blancas posée au sud de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique.
Dans ce premier opus riche et ambitieux, Cloé Korman évoque l’Histoire, la mémoire ancestrale, les croyances aztèques à travers des personnages dépassés par leur destin. Il flotte sur ce roman une ambiance étrange, fantastique et presque inquiétante, évocatrice de la littérature sud-américaine. Mais Les Hommes-Couleursest avant tout une histoire d’humanité, de choix et de risques où la petite histoire des uns rejoint celle plus grande des migrations modernes. Pour autant, si je lui reconnais de nombreuses qualités et sans m’y être ennuyée, il lui manque, à mon goût, un petit je-ne-sais-quoi pour en faire un grand livre. Une fin qui a tendance à se délayer, un narrateur qui tout à coup se manifeste sans que l’on sache bien pourquoi, bref comme un manque d’harmonie dans tout ça. Les maladresses d’un premier roman, peut-être... mais un auteur à suivre.
Les hommes-couleurs de Cloé Korman. Editions du Seuil/ 2010. Prix Inter 2010.