Je ne connais pas ma force
Karl Vogel a quinze ans lorsqu’on lui découvre une tumeur au cerveau. Suivent un traitement lourd et une longue hospitalisation. Alors que son corps est diminué, Karl trouve dans l’esprit une nouvelle force. Hanté par la grande Guerre que son père affectionne et fasciné par l’esthétique parfaite des nazis, Karl décide de devenir le « Führer » de son corps. Mais ces relents de fascisme ne se limitent pas à la seule maîtrise de son corps, il applique son idéologie à ses camarades de chambre et à ceux qui l’entourent dans sa convalescence. C’est un petit roman dense et dur que ce livre de Stéphanie Hochet. Sa jolie plume donne encore plus de force à ce texte qui dissèque l’adolescence. Car – et ce n’est que mon avis – plus que le récit d’un combat contre la maladie, le roman de Stéphanie Hochet est une métaphore de l’adolescence. Il montre le changement physique (à travers la maladie), ce changement qui déstabilise, un corps qui devient étranger, le mal-être, la quête d’identité, d’affirmation de soi (ici à travers l’idéologie nazie), le rejet des traditions et de la famille, les idéaux auxquels on croit dur comme fer, les vérités que l’on pense détenir, la sensation d’immortalité, celle d’être un éternel conquérant et finalement une fois la révolte digérée, l’entrée dans la vie d’adulte avec ce qu’elle comporte de compromis.
Je ne connais pas ma force de Stéphanie Hochet. Éditions Fayard.
Crédit photo: Fayard & Amazon