Lily Love Peacock
Lily s’ennuie sur les podiums et les plages ensoleillées où elle joue les modèles. Il y a bien quelques filles sympas mais la réalité, c’est plutôt de longues soirées de solitude dans des chambres d’hôtels anonymes. Sa rencontre avec Rubis, une shampooineuse aux doigts de fée qui hante les coulisses des défilés va lui permettre de donner un nouveau sens à sa vie. «Je ne sais pas ce que je veux mais je te jure que je l’aurai » nous dit Lily. Ce qu’elle veut, c’est peut-être tourner le dos à ce monde artificiel, bien éloigné de celui de son enfance au milieu de la brousse africaine. Ce qu’elle veut, c’est peut-être chanter, un don que cette grande fille à la voix d’ange gardait enfoui en elle depuis si longtemps. Ce qu’elle veut, c’est peut-être tout simplement se trouver, comprendre d’où elle vient pour mieux savoir où aller.
Cette BD est d’une grande richesse : en racontant la profonde amitié qui va lier Rubis et Lily, Fred Bernard nous plonge aussi dans la quête identitaire de son héroïne. Il nous emmène respirer l’air chaud de l’Afrique, un pays imprimé à jamais dans l’âme et le corps de Lily. Il nous révèle l’histoire familiale pas si simple d’une enfant aux grands-parents aventuriers, à la mère absente et au père qui se laisse envahir par l’alcool. Et le beau portrait d’une femme volontaire.
Lily Love Peacock de Fred Bernard. Editions Casterman/ Ecritures (2006).
Et pour ceux qui – contrairement à moi – avaient déjà lu les précédentes bandes-dessinées de Fred Bernard, sachez que Lily n’est autre que la petite fille de Jeanne Picquiny, la belle aventurière au caractère bien trempé de La tendresse des crocodiles et L’ivresse du Poulpe, albums parus chez Seuil - chic, je les déjà vus à la médiathèque ;). Mais c’est aussi le complice du talentueux illustrateur François Roca. Ils ont ensemble façonné quelques beaux bijoux de livres, dont
Jesus Betz ou encore L’indien de la Tour Eiffel. Ceux-là m’avaient vraiment soufflée !
Crédits photos : Casterman, Seuil & Amazon