Un soupçon légitime

Stefan Zweig a l’art de sonder les agitations et les tourments de l’âme humaine. Apparemment ceux de nos amis canins aussi ! Trêve de plaisanterie, ce chien-là est ma foi bien humain – c’est en tout cas comme cela que l’analyse Betsy. Mais de l’humain, il n’a pas les qualités mais plutôt les travers. A travers le personnage de Pato, c’est le rapport de domination, la jalousie, la perte du pouvoir et l’esprit de vengeance que Zweig décortique avec finesse. On en sourirait presque… au début car bien vite, on comprend que ce chien-là est une bien horrible figure et l’on sent poindre le drame, sans oser y croire. D’ailleurs qui pourrait y croire ?
Avec la parution l’an dernier du délicat Voyage dans le passé et ce Soupçon légitime aujourd’hui, les éditions Grasset nous gâtent, nous autres aficionados de Zweig (même si celui-ci n’est pas mon préféré mais la plume est toujours goûteuse). Alors peut-être que c’est aussi du marketing (il ne faut pas rêver non plus, hein !) mais c’est toujours un bonheur de découvrir un inédit d’un auteur dont on a déjà presque tout dévoré. Et puis l’objet est fort joli et réjouira les amoureux de la langue de Goethe car les textes en français sont suivis de l’original en allemand (oui j’ai compris, là aussi c’est marketing : au lieu de nous servir un recueil de nouvelles, ils en sortent une par une avec le texte original, moyennant 10 euros (11,50 € de ce côté-ci de la terre) – et j’ai beau être fan, 11,50 € la nouvelle, c’est cher !).
Un soupçon légitime de Stefan Zweig (traduit de l’allemand par Baptiste Touverey). Editions Grasset (2009).