Théâtre: Chatroom (Théâtre de Poche)

Publié le

affiche chatroom

 

Présentation:

Dans un cyberespace, six ados se retrouvent sur un site de chat dont l’objet est la discussion de sujets coriaces : « ... On est des somnambules attendant que les choses se passent plutôt que d’agir pour qu’elles bougent. Ce serait tellement génial d’accomplir quelque chose d’important. D’avoir une véritable cause à défendre. » Quête d’une cause ou simple envie de partager ? Détresse ou jeu de pouvoir ?

Cette comédie aux dialogues courts et rythmés nous plonge dans une spirale de manipulation alimentée par l’ennui et la frustration de ces six adolescents... Deux d’entre eux se liguent pour pousser celui qui, de prime abord semble plus faible, à commettre un acte irréparable...
Bien au-delà de toutes spéculations sur les bienfaits ou méfaits des sites de chat, Chatroom est l’histoire puissante d’un acte ultime de rébellion adolescente.

 

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Mon avis:

Ils sont six ados à dialoguer sur le net, dans la fausse convivialité d'un chatroom. Six solitudes qui se croisent et parfois s'affrontent, six personnalités qui observent, commandent, suivent, succombent. Parce que là, comme ailleurs - et là peut-être bien plus qu'ailleurs -, la vie est un jeu. Celui du pouvoir débarrassé des états d'âme: "Je ne te vois pas, tu n'existes pas" sauf à servir le fantasme et la perversion du plus fort.
La mise en scène épurée de Sylvie de Braekeleer est terriblement efficace. Sur un plateau nu, des chaises deviennent le temps d'un échange, d'une attente ou d'un ennui un territoire, celui de l'adolescent. Un endroit sans parent, sans autorité où chacun comble ses manques. Entre chaque échange où jamais les comédiens ne se regardent, comme fixés à leur écran, la techno fuse, la danse libère les corps et les images défilent, celles des écrans qui rythment la vie de ces adolescents. Et de légère, la comédie devient dramatique, le jeu n'amuse plus tous les joueurs, la tension est palpable et nous public, tremblons avec eux de l'horreur qui se dessine.
Chapeau bas pour les six comédiens qui campent avec grande vérité ces ados de moins de 18 ans, sans que l'on en doute un instant. Preuve en est, en ce soir de première, les larmes de quelques-uns dans la salle, ébranlés par une situation dont la proximité peut effrayer. C'est réussi et terriblement lucide, dérangeant aussi forcément mais teinté d'un bel espoir.

 

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Chatroom - une pièce d'Enda Walsh (Traduction : Xavier Mailleux) - Mise en scène : Sylvie de Braekeleer
Interprètes: Adriana Fonseca, Olivier Lenel, Cédric Lombard, Elsa Poisot, Deborah Rouach, Julien Vargas
Production: Théâtre de Poche
Crédit Photos : Stéphanie Jassogne

 

Et une interview de Sylvie de Braekeleer, metteur en scène de Chatroom: ici!

 

Et c'était tellement bien que l'on y retourne ce soir dans un autre théâtre...

 

 

defi-theatre

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L
<br /> <br /> J'aime beaucoup la force qui se dégage de certains jeunes comédiens : je suis toujours étonnée de voir ce qu'un enfant de 11 ans peut sortir. ;)<br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Ce qui est impressionnant dans cette pièce, c'est la justesse des comédiens à interpréter des adolescents d'environ 15 ans alors qu'ils sont en réalité âgés de 24 à 34 ans. Mais on y croit<br /> complètement grâce à une très bonne direction d'acteur et un grand travail d'observation. Et les ados eux-mêmes ne se sentent pas caricaturés. Une pièce à voir en tout cas et idéalement dans une<br /> salle pas trop grande.<br /> <br /> <br /> <br />