Nagasaki
La cinquantaine passée, Shimura-san mène une vie paisible entre son emploi de météorologue et sa maison située en face des chantiers navals de Nagasaki. Mais depuis quelques temps, quelques faits étranges viennent troubler la platitude de son existence. Des aliments disparaissent de son frigo pendant les journées qu’il passe au travail. Shimura-san installe une webcam avec vue sur sa cuisine et son salon et commence une surveillance qui amène un peu d’animation dans sa vie.
Eric Faye s’est inspiré d’un fait-divers japonais pour écrire ce petit roman qui, bien plus qu’une simple histoire de viol d’intimité, est la prise de conscience d’un homme. En filmant son propre intérieur, en se plaçant en spectateur, en observateur de sa propre vie, Shimura-san découvre l’insipidité de celle-ci : la vie d’un homme seul, sans attache, sans passion, sans véritable lien avec le reste du monde. Le « Je ne peux plus vivre ici » qu’il prononce lors du procès de sa « voleuse » dépasse largement le cadre du simple intérieur, c’est cette vie qu’il s’est construite qu’il ne peut plus, ne veut plus habiter. Un roman court, à la langue élégante, que j’ai trouvé parfois bavard (notamment au début) et qui se révèle être plus riche qu’il n’y paraît au premier abord.
Nagasaki d’Eric Faye. Editions Stock/ 2010.
Ils l'ont lu et vraiment beaucoup aimé (beaucoup plus que moi!): Calepin, la librairie L'escale littéraire, Asphodèle
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