Lily et Braine
Après un passage à la guerre et un long séjour en hôpital militaire, Braine rentre chez lui, dans cette vie où l’attendent sa femme Lily, son jeune fils Louis et leur chienne Lucie. Braine revient mutique, des cauchemars au fond des nuits avec un monde à réapprivoiser. Petit à petit, il semble revenir à lui : il retrouve les gestes de l’amour, ceux de la conduite et un travail dans le garage de son beau-père. C’est en dépannant une voiture qu’il rencontre la blonde Américaine Rose Braxton. La séduisante femme vient de reprendre en ville un club de jazz. Un lieu chargé de souvenirs pour Braine : il y jouait avant de partir à la guerre. Il y jouait et c’est pour ça qu’il est parti. Mais lorsque que Rose Braxton lui propose de reprendre son bugle et de reconstituer la formation d’alors, les vieux démons reprennent possession de Braine.
Encore une fois, la musique est au cœur du dernier roman de Christian Gailly (Un soir au club, Be-bop). Et si le proverbe dit qu’elle adoucit les mœurs, elle est aussi empreinte de noirceur chez Gailly : la musique comme une addiction qui emporte les cœurs et les corps, la musique comme une fatalité. La musique pour rythmer la tragédie qui doucement se met en branle.
Si cet opus ne m’a pas autant séduite qu’Un soir au club (ma première « rencontre » avec Gailly), j’en ai tout de même aimé le déroulement allant crescendo, la mise en tension orchestrée par Christian Gailly, jusqu’à la fin implacable. Une écriture en forme de morceau de musique : pianissimo, crescendo, fortissimo et soudain le silence…
Lily et Braine de Christian Gailly. Les éditions de Minuit/ 2010.