La Reine des lectrices
Imaginez la reine d’Angleterre négligeant ses royaux devoirs pour cause de… lecture ! C’est en tout cas celle qu’imagine Alan Bennett, sujet talentueux de sa Majesté. La découverte inopinée dans la cour de Westminster d’un bibliobus va radicalement changer la vie de la reine Elisabeth. Un premier emprunt de courtoisie va rapidement se révéler être le départ d’une vie de lectrice assidue. Assidue au point d’en arriver en retard aux grands rendez-vous du monde, d’en oublier le protocole du vêtement (jamais porter deux fois la même tenue à quinze jours d’intervalle, grands Dieux !) et d’en faire perdre son latin à tout Buckingham Palace… ainsi qu’au Premier Ministre, décidément peu féru de littérature.
Drôle et corrosif, Alan Bennett fait certes la part belle à la littérature mais malmène également les « grands » de ce monde à travers cette fable délicieuse. On ne peut s’empêcher de sourire de ce chef d’état français plutôt inculte, il faut bien l’avouer… et de tous ces proches qui préfèrent voir dans cette nouvelle passion un début de sénilité plutôt qu’une forme d’ouverture. On ne casse pas si facilement les clichés et les carcans, alors l’étiquette !
La Reine des lectrices d'Alan Bennett (traduit de l'anglais par Pierre Ménard). Folio/ 2010 (première éditiion française chez Denoël en 2009).