La nostalgie heureuse - Amélie Nothomb
Oui je sais, j'ai déjà écrit par ici « Amélie c’est fini ! ». Mais bon paraît que y’a que les cons qui etc. Disons plutôt que la lecture du dernier Amélie de rentrée a été l’occasion de découvrir l’electure. Grâce à une gentille amie-blogueuse, me voilà en train de tester la lecture sur tablette. Je ne peux pas encore dire que je suis totalement addict mais je suis vraiment séduite par le côté pratique – même si avouons-le c’est lourd bien plus lourd que la liseuse ultra-légère découverte grâce à Laure, croisée cet été au bord d'un lac. En bonne élève donc, j’ai testé la lecture sur tablette dans mon fauteuil, sur ma terrasse, dans le bus, en déplacement chez l’amoureux et bien sûr dans mon lit. Là c’est le top : je n’ai pas encore de lampe qui pourrait être affectée à la lecture du soir donc hop, la tablette c’est parfait. Pas besoin de m’extraire de la douceur de ma couette pour aller éteindre le plafonnier. Et ça, ça me plaît !
Mais madame Nothomb dans tout ça, me direz-vous ? Et bien je vous répondrais que pour ce premier test, c’était bien : un roman court – pardon un récit autobiographique – idéal pour la découverte de l’electure. Mais ça s’arrête là… en tout cas pour moi.
France 5 propose à Amélie Nothomb de tourner un reportage sur son enfance japonaise. L’occasion pour l’écrivain d’un retour au Pays du Soleil Levant dans lequel elle n’avait plus mis les pieds depuis seize ans. C’est avec une certaine appréhension qu’Amélie Nothomb reprend contact avec sa nounou et l’amoureux de ses vingt ans. Et c’est avec émotion qu’elle replonge dans les souvenirs de ce Japon auquel elle est profondément attachée. Preuve en est, la publication régulière de ses « aventures » japonaises, réminiscences de l’enfance, de son expérience de l’entreprise (Stupeurs et tremblements) ou de ses amours avec Rinri (Ni d’Eve ni d’Adam). Autant de sujets de romans portés par le souvenir mais aussi par ce processus que la mémoire met en place pour combler l’effacement : « Tout ce que l’on aime devient une fiction. La première fois des miennes fut le Japon. A l’âge de cinq ans, quand on m’en arracha, je commençais à me le raconter. Très vite, les lacunes de mon récit me génèrent. Que pouvais-je dire du pays que j’avais cru connaître et qui, au fil des années, s’éloignait de mon corps et de ma tête ? »
Alors ce retour au Japon, Amélie Nothomb semble le prendre de plein fouet, l’émotion à fleur de peau, malgré la caméra et quelques mises en scène nécessaires à l’élaboration du reportage. Pourtant, même je ne doute pas de la sincérité de l’auteur et du bouleversement qu’a pu lui procurer ce voyage, elle n’a pas réussi à me toucher. J’ai trouvé cela certes moins grandiloquent que dans certains romans d’Amélie Nothomb, moins « Amélien » justement, assez pudique mais finalement il ne m’en reste qu’une impression de platitude. Un récit vite avalé sans qu’il ne produise sur moi d’empathie particulière pour son auteur. Je ne suis pas plus fan de mademoiselle Amélie qu’avant. La nostalgie heureuse – dont le titre est tiré du mot japonais « natsukashii » qui évoque « l’instant où le beau souvenir revient à la mémoire et l’emplit de douceur » - éclaire peut-être, pour les aficionados, l’œuvre de Nothomb et devrait, à ce titre, plaire à ses fans. Sans plus.
La nostalgie heureuse d'Amélie Nothomb - éditions Albin Michel/ 2013.