L'enfant multiple
Maxime, forain, songe à vendre son manège qui n’attire plus grand monde. Un jour, il découvre, caché dans le carrosse, un jeune garçon Omar-Jo. L’enfant lui affirme ne pas être un voleur et lui propose même gratuitement ses services pour faire reluie le manège vieillissant. Le jeune Omar-Jo intrigue Maxime : s’il refuse d’évoquer son bras mutilé, ses parents disparus et son pays en guerre, l’enfant s’investit presque corps et âme dans la restauration du manège, entre décoration et création de numéros pour attirer à nouveau le chaland. Une recette qui marche puisque le public revient en masse, tant et si bien que Maxime renonce à ses velléités de vente. Mais au-delà du succès, c’est une belle histoire d’amitié qui se noue entre Maxime et Omar-Jo, chacun comblant sa solitude auprès de l’autre. Et l’on suit, par jeux de chapitres interposés, l’histoire de ces deux-là : le rêve de Maxime que sa famille n’a pas compris et l’enfance d’Omar-Jo au Liban brusquement interrompue par la guerre.
Il flotte sur ce roman quelque chose d’irréel, qui tiendrait presque de la fable ou du conte. Les deux protagonistes ont pourtant une vie bien réelle, même parfois dure, de celle qui laisse des cicatrices profondes comme l’histoire d’Omar-Jo. Mais cet enfant incroyablement doué, secret et attachant semble irréel. Tout comme Cherrane, la jeune femme qui lie l’homme et l’enfant et semble comprendre à demi-mots Omar-Jo. Finalement c’est peut-ça, L’enfant multiple, une fable sur la résilience, l’espoir et la faculté à se reconstruire, à croire à nouveau en la vie. Un roman à la fois doux et dur, empli d’amour et peut-être à mon goût d’un peu trop de bons sentiments : un livre qui, sous une douce folie aux accents de piste aux étoiles, raconte aussi la folie des hommes.
L’enfant multiple d’Andrée Chédid. Editions J’ai Lu/ 1999. (1ère édition chez Flammarion en 1989).
Une lecture du blogoclub initié par Sylire et Lisa autour d'Andrée Chédid.
Et encore un qui dormait depuis de bien nombreuses années dans ma PAL: