Inès - Loïc Dauvillier & Jérôme d'Aviau
C'est bref et cinglant comme un coup de poing. Comme les coups que reçoit régulièrement la jeune femme de cet album de la part de son mari. Tout semble le faire sortir de ses gonds et chaque fois, après les insultes et les coups, elle culpabilise. Et "les mots blessent encore plus que les coups". Humiliée, rabaissée, elle se fait petite, taiseuse, s'enferme en elle-même dès qu'il apparaît. Où irait-elle de toute façon ? Partir oui mais pour trouver quoi et pire, si c'était pour être obligée de revenir... Alors elle courbe l'échine, au milieu des pleurs de sa fille. Et elle espère aussi un peu que cet ami venu dîner lui parlera de ses bleus qu'il a aperçus. Et l'on se prend nous aussi à espérer que cette voisine qui semble s'inquiéter viendra frapper au bon moment, décrochera son téléphone pour prévenir les autorités. Malheureusement, on est là comme dans la vraie vie : chacun sait ou se doute mais refuse de se mêler à cette réalité trop glauque, trop dérangeante et se tait.
Pour illustrer ce scénario tout en tension, les dessins en noir et blanc de Jérôme d'Avieu ont forme d'uppercut, reflétant, sans fioritures et avec justesse, la violence subie par l'héroïne mais aussi par sa fille, marquée à tout jamais par ce drame. Un album puissant qui reflète une malheureuse réalité qui alimente bien trop souvent les faits divers. Une plongée saisissante dans l'intimité violente d'un couple.
Inès de Loïc Dauvillier et Jérôme d'Aviau. Ed. Drugstore/ 2009.