Film: Cris et chuchotements

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Voilà typiquement le genre de films que j’accumule dans ma PFV (comprendre Pile de Films à Voir), acheté à petit prix puis oublié dans un coin. Alors hier pour ma dernière soirée en solo avant longtemps, bonne résolution : je me fais une soirée DVD. Au programme un des deux films d’Ingmar Bergman qui sommeillent à côté du lecteur DVD.

Dans le manoir familial, en cette fin de XIXème siècle, Agnès meurt doucement et douleureusement (d’un cancer nous dit-on dans le résumé). A son chevet, alors que la fin approche, se relaient ses sœurs Karin et Maria et sa servante Anna. Mais lors des crises d’Agnès, Karin et Maria se sentent bien démunies. Seule Anna tente d’apporter un vrai soutien à Agnès. Il faut dire que dans cette famille-là, chacun a ses secrets, cache ses blessures et les sentiments ne riment pas vraiment avec chaleur. Le huis-clos dans le manoir ramène chacune à un souvenir lié à ce lieu, dans lequel chaque sœur a vécu à un moment.

 

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Agnès se rappelle sa mère avec laquelle elle ne parvenait pas à tisser de lien. Cette mère qui allait goûter un peu de solitude au milieu du parc et qu’elle suivait en cachette. Elle se souvient des quelques minutes d’intimité partagée dans un simple regard.

Le souvenir de Maria la ramène à une nuit d’adultère avec un ancien amour, le médecin d’Agnès, lors d’un voyage d’affaires de son mari Jaokim.

Quant à Karin, c’est l’horreur d’une mutilation qu’elle s’inflige qui lui remonte à la mémoire – un moyen sordide d’échapper au devoir conjugal.

Et traversant ce monde de secrets enfouis, il y a Anna, la dévouée, la silencieuse, celle qui jusqu’au bout restera aux côtés d’Anna, lui apportant soins et chaleur humaine. Son rêve, vers la fin du film, le résume à lui seul et c’est très réussi.

 

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Cris et chuchotementsest un film léché, à la mise en scène parfaitement maîtrisée. Dans ce manoir domine la couleur rouge, elle est partout, tranchant avec les vêtements souvent immaculés des personnages. Rouge comme la passion de Maria pour un homme qui n’est pas son mari, rouge comme le sang des blessures de Karin pour tenir son époux à distance, rouge comme la violence des douleurs d’Agnès. Rouge aussi comme la violence des haines sourdes. Lorsqu’Agnès meurt, Maria cherche à se rapprocher de sa sœur Karin : « ne pourrait-on pas devenir amies, apprendre à se connaître ? ». Mais la réponse est terrible, révélant un être incapable d’amour, fuyant le contact physique. Et même les rares rapprochements semblent bien éphémères. Les cadrages en gros plans nous mènent au plus près de l’intimité de chaque personnage, interprété par quatre actrices de talent.

 

Cris et chuchotements(titre original : Viskningar och rop) d’Ingmar Bergman/ 1972. Avec Harriet Andersson, Kari Sylwan, Ingrid Thulin, Liv Ullmann…

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