Thérèse en mille morceaux

Publié le par l'encreuse

A vingt-six ans, Thérèse se sent habitée par son double. Cette autre Thérèse va lui révéler ses envies, ses désirs, ses pulsions, ses dégoûts – tout ce que la lisse et droite Thérèse a toujours tenu à l’écart d’elle-même. Elle commence un journal  parce qu’elle a « brusquement pris conscience d’avoir été jusqu’à ce jour quelque chose comme un « être-là », une réalité totalement extérieure à sa propre existence ». Et petit à petit, l’autre Thérèse prend le dessus, se dévoile au fil de l’effritement du personnage avec une évidence : « Thérèse, au gré du corps, habitera désormais le léger et l’intense. » L’ancienne Thérèse se délivre peu à peu de ses carcans : celui d’une mère qui l’a privée d’enfance, celui de son époux qui l’oblige à être une femme vertueuse et modèle, celui de sa sœur qui juge sans cesse, celui d’une société en somme qui formate. Alors Thérèse se laisse investir, habiter par ce double plus vrai et prend la route. Désormais, « simple sujet de conversation » pour les uns, elle marche vers sa liberté.

A travers le récit du dédoublement de son personnage, Lyonel Trouillot évoque aussi celui d’Haïti, une île déchirée en quête d’identité et de la ville du Cap, « une ville sans chemin » où « même les rêves ont une heure pour rentrer ». Au-delà de cette métaphore de la femme –île, Thérèse en mille morceaux  est aussi le récit de l’enfermement, quelle que soit sa forme. Celui imposé par l’extérieur et celui que l’on s’impose à soi-même, un repli qui nie toute authenticité pour devenir ce qu’attendent de nous le regard des autres et la société.

Thérèse en mille morceaux de Lyonel Trouillot. Editions Actes Sud.

Publié dans Voyages à l'étranger

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L
Je viens de découvrir ton blog et je le trouve très sympathique.
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L
Merci et bienvenue lucie! Je passerai faire un tour du côté de chez toi très très bientôt!