Théâtre: La maison de Bernarda Alba
Petite soirée théâtre la semaine dernière... et pur moment de bonheur!
En bref, le pitch : à la mort de son mari, Bernarda Alba « condamne » ses cinq filles à huit années de deuil ; un enfermement que trouble à peine le soleil filtrant par les persiennes. Les cinq jeunes femmes se morfondent entre ennui, hypocrisie, petites jalousies et fantasme : celui de l’amour et de l’homme. L’aînée, la seule à hériter de la fortune paternelle peut prétendre au mariage et son parti semble intéresser un jeune homme de la ville, Pépé le Romano. Cette union quasi inespérée – cette sœur ayant déjà 39 ans – suscite parmi la fratrie bien des convoitises.
Le texte ne m’était pas inconnu et avait d’ailleurs suscité mon envie d’aller voir la pièce. Mais le spectacle fut au-delà de toute attente. La mise en scène très particulière d’Andrea Novicov en a fait un moment de théâtre absolument sublime ! L’accueil dans la salle d’abord : une petite jauge de 200 places mais en lieu et place des traditionnels fauteuils, de simples bancs en bois… pas très confortables, il faut le dire. Un inconfort pourtant bien vite oublié devant tant d’ingéniosité. Nous voilà donc installés sur des bancs et la scène ouvre sur un castelet géant, comme dans un théâtre de guignol. Tous les personnages ont l’air de marionnettes, engoncées dans leurs costumes sombres. Et cette pièce au fond tragique réussit à nous faire rire ! On passe du rire aux larmes, en enlevant rien à la force du texte initial. Tout y est : le joug d’une matriarche implacable, le sort triste de femmes qui ne connaîtront jamais le bonheur, les amours impossibles, les lâchetés, le drame annoncé qui se joue dans l’ombre de la nuit propice aux amours illicites et pourtant on arrive à en rire tant la mise en scène et le jeu d’acteur mêlent efficacement comédie et tragédie. Un bien bel hommage à Garcia Lorca – lui aussi amateurs de marionnettes – et une heure et demie de théâtre inoubliable pour les spectateurs ébahis dont je faisais partie. Alors, s’ils passent du côté de chez vous, n’hésitez pas et courez acheter des places ! Jubilatoire !
La Maison de Bernarda Alba d’après Frederico Garcia Lorca
Mise en scène d’Andrea Novicov, création de la Compagnie Angledange