Vingt fragments d'une jeunesse vorace

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Fenfang a tout juste 17 ans lorsqu’elle décide de quitter sa province natale, le village de la Colline de Gingembre, pour la ville. Elle ne supporte plus le temps figé de sa campagne, les petits gestes répétés inlassablement et les champs de patates douces à perte de vue. Elle rêve d’or et de grandeur à Pékin. De petits boulots en amours déçues, de quartiers pourris en studios surpeuplés, Fenfang se cherche et peine à accéder à son rêve. Un rêve qu’elle croit pouvoir toucher grâce à une inscription aux studios cinématographiques de Pékin. Elle a 21 ans et est « la 6787ème personne à solliciter un emploi dans l’industrie cinématographique et audiovisuelle. » C’est dire s’il y a de la concurrence mais pas grand-chose finalement « comparé au milliard et demi de Chinois ». Mais ses rêves de gloire se limitent à quelques apparitions muettes dans des films de troisième catégorie. De ces piteuses expériences cinématographiques naîtront quelques relations amicales et amoureuses qui laisseront leur empreinte dans la vie de Fenfang. Pourtant elle est toujours désespérément seule, tournant en rond dans les divers appartements qu’elle loue, attendant le coup de fil salvateur, s’essayant même à l’écriture de scénario, tentant de vivre sa jeunesse en dépit d’une idéologie envahissante et d’une société qui pointe du doigt l’individualisme.

C’est une sensation d'isolement et un certain vague à l’âme qui planent sur cette jeunesse vorace décrite par Xialo Guo. Malgré le désir pressant de se débarrasser de la boue paysanne qui lui colle aux basques, la jeune Fenfang n’arrive pas à se sentir une vraie Pékinoise, à être totalement au monde. Parce que cette jeunesse en général peine à trouver sa place dans une Chine rigide, ancrée dans ses idéaux communistes. Un roman frais et juste qui interroge sur ce qui fait l’individu : son devenir mais aussi ses origines. Les accepter, c’est déjà être sur la bonne voie.


Vingt fragments d’une jeunesse vorace de Xiaolu Guo (traduit de l'anglais (Chine) par Karine Laléchère). Editions Buchet Chastel (2009)


 

Clarabel l'a lu le mois dernier.

Publié dans Voyages à l'étranger

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M
J'ai découvert cette auteure  avec son dictionnaire, et celui ci est déjà dans ma PAL, mais tu me conseilles de la remonter car il s'enlise
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K
C'est une auteur que j'ai noté... J'ai beaucoup aimé aussi "Baguettes chinoises" de Xinran.
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C
J'ai bien aimé, mais pas autant que son 'dictionnaire ...', malgré tout je sais que je vais surveiller scrupuleusement les prochaines parutions de cette jeune chinoise ! Gros potentiel entre les doigts !!! Moi je ça, je dis rien.
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V
<br /> @ Pagesàpages: moi aussi, j'aime bien la couverture ;-)<br /> <br /> @ Clarabel: j'ai noté son "Dictionnaire..."! Liliba le fait voyager, je me suis inscrite et devrais donc bientôt le découvrir!<br /> <br /> <br />
P
J'avais déjà repéré ce livre chez Clarabel. Ton billet m'encourage encore plus à tenter la lecture. Et puis la couverture est très belle, je trouve (même si c'est anecdotique).
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M
Je t'en prie pour le lien... tu as un chouette blog.
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