A Marc-en-Barouel, petite ville du Nord de la France, Ruth, la nouvelle institutrice s’ennuie. Pire, elle commence à ne plus supporter ses petits élèves. Un beau jour, elle sympathise avec sa voisine, Gisèle, guichetière à la Poste et lui propose de participer au Festival international du film documentaire de Marseille. Les deux femmes se filment à tour de rôle, évoquant blessures et interrogations. Ruth et son identité juive. Gisèle et le mystère de son adoption. Pour réaliser le documentaire, elles élisent domicile sur la terrasse de Gisèle et poussent à la porte, Juan, le mari de celle-ci. Pendant ces heures d’errance forcée, Juan va avoir une vraie révélation : une affiche annonçant une exposition, un tableau de Munch et c’est tout un monde d’émotions nouvelles qui s’ouvre à lui. Désormais pendant les tournages, il mènera une sorte de vie parallèle faite d’art et de beauté. Ce projet de film, si innocent au départ, va vite devenir un élément essentiel de la vie de Gisèle et de Ruth. Mais aussi de celle de Juan, de l’étrange voisine Madame Havetz ou encore de Chrissie la boulangère. Chacun veut y figurer, chacun se raconte, se dévoile et se découvre devant la caméra.
Un roman qui commence bien innocemment entre accent ch’ti et petites vies étriquées. Mais bien vite, on gratte les surfaces pour découvrir des personnages terriblement attachants, des vies frustrées, volées, étouffées. Des mondes intérieurs que le fameux film de Ruth et Gisèle va mettre en lumière. Même le moins sympathique des protagonistes finit par nous donner envie de s’asseoir avec lui et de poser la main sur son épaule. Juste ça, pour lui dire qu’on l’a compris.
Le film de Cypora Petitjean-Cerf. Editions Stock (2009).
L'avis de Cuné.