L'ange incliné

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Le narrateur, un universitaire, vient d’avoir quarante ans. A l’occasion d’une visite de quelques jours à sa mère, il dresse le bilan de sa vie. Entre désenchantement du milieu professionnel où il évolue et renoncements, sa mémoire oscille parmi les souvenirs d’enfance : ceux d’une sœur aimée et complice, ceux de parents qui se déchirent dans le silence, ceux plus tendres d’instants partagés avec son père. Mais les souvenirs sont aussi rattrapés par un présent plus sombre : le veuvage d’une mère ravagé par les vieilles rancoeurs, l’enfermement d’une sœur dans un asile psychiatrique, l’innocence définitivement perdue. Au retour de ce séjour parfois pesant, le quarantenaire fait une lumineuse rencontre : Anna, une jeune femme de vingt-quatre ans qui, d’un coup, vient balayer la morosité accumulée. Mais Anna a une vie et d’autres attaches. Commence alors une histoire faite de séparations et de retrouvailles. Une histoire de passion où chacun sait qu’il ne demandera jamais plus à l’autre – comme pour mieux préserver la part d’irréalité de cet amour.

Dès les premières lignes, j’ai été emportée par la beauté de la langue de Pierre Mari. Il la maîtrise à la perfection. Peut-être parfois trop d’ailleurs, enlevant un peu de réalisme à certaines conversations, notamment celles avec Laure, sa compagne, elle aussi très érudite. Puis je trouvais que la première partie, en forme de bilan, s’étirait un peu trop. Mais la rencontre avec Anna a balayé tout ça, tant je la trouve belle et lumineuse, à l’image du personnage. Et finalement, la longueur de la première partie me semble à présent plutôt nourrir le récit, à l’image de cette lassitude que narre le personnage : celle de sa vie dont il n’attend plus grand-chose et des compromissions qu’exigent la sagesse et le conformisme – les fameux « accommodements raisonnables » de JP Dubois.

Pierre Mari analyse avec finesse la crise de la quarantaine, ses bilans, ses renoncements, ses heurts. Il livre l’âme d’un homme qui, tout en espérant l’événement, ne l’attendait plus. Il dit les méandres d’un cœur affolé par un amour qu’il ne rêvait plus. L’éclat d’un diamant brut.

 

L’Ange incliné de Pierre Mari. Editions Actes Sud (2008).

Publié dans Voyages en France

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P
ce billet me donne envie
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V
<br /> ;)<br /> <br /> <br />
L
ah je l'avais déjà noté celui-ci mais ton billet fait vraiment envie !
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