La maison des célibataires

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Sur la colline de Sardocq, « petit comptoir posé comme un nombril sur ce grand corps qu’était le sud du Groenland », la maison des célibataires se délabre. Ancienne maison de missionnaires, la grande bâtisse accueille depuis de nombreuses années cinq célibataires endurcis : les quatre vieillissants Moses, Joseph, Abraham, Kodak et le plus fringant de tous, Kernatoq. C’est d’ailleurs lui qui ramène de quoi vivre grâce à son boulot sur le bateau à charbon.

Au cours d’une de leurs virées d’été, qui consistent assez simplement à s’enivrer généreusement sur une île voisine tout en discutant à bâtons rompus, Moses évoque avec inquiétude leurs vieux jours. Et naît dans l’esprit de ses compagnons la peur d’être un jour séparés, disséminés les uns et les autres dans des maisons de retraite du pays puisqu’il n’en existe pas à Sardocq. Il vaut trouver un plan pour éviter la catastrophe. Kernatoq, encore jeune et finalement plutôt beau garçon une fois débarrassé de sa couche de charbon, entreprend de séduire et d’épouser Bandita, une veuve connue pour son franc-parler acide et ses poings vigoureux. Mais aussi pour sa fortune : la femme est propriétaire d’une ferme plutôt prospère. Mais les vœux de mariage de Kernatocq inquiètent ses compagnons qui tiennent à conserver leur mode de vie actuel. Aussi Moses échafaude-t-il un autre plan : retaper leur vieille demeure, la transformer en maison de retraite et l’offrir à la ville.

J’ai retrouvé avec plaisir l’humour et la rudesse des personnages de Jorn Riel. Il flotte sur ce court roman des vapeurs d’alcool et de coups tordus chers à l’auteur, la fin justifiant ici tous les moyens, même les plus vils. Avec sa plume sèche et aride (mais néanmoins efficace) à l’image des paysages et du climat du Groenland, Jorn Riel nous livre une petite histoire pleine d’humour et de franche camaraderie qui donne le sourire.

 

La maison des célibataires (traduit du danois par Susanne Juul et Bernard Saint-Bonnet) de Jorn Riel. Editions 10/18, coll. Domaine étranger/ 2006.

Titre original : Ungkarlesuhet/ 1ère édition : 1979/ 1ère édition française chez Gaïa en 2000.

Publié dans Voyages à l'étranger

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I
<br /> <br /> Jorn Riel est à mettre entre toutes les mains. Il y a les racontars bien sûr, drôles et touchants mais aussi les romans plus ethnographiques. La trilogie Heq puis Arluk et<br /> Soré nous embarque dans des temps immémoriaux, où des tribus nomades traversaient le détroit de Béring. Parus chez Gaïa puis en poche chez 10/18<br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> "Jorn Riel est à mettre entre toutes les mains.": je suis entièrement d'accord!<br /> <br /> <br /> Toujours pas lu la trilogie (Heq, Arluk et Soré) mais elle est depuis longtemps dans ma liste!<br /> <br /> <br /> <br />
T
<br /> <br /> Jamais lu l'auteur mais il m'attend dans la PAL !<br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Bonne découverte alors? quel(s) titre(s) dans ta PAL?<br /> <br /> <br /> <br />
J
<br /> <br /> jamais lu... je les tripotte souvent sur les présentoirs, les Riel  mais je ne me suis jamais lancée.<br /> <br /> <br /> <br />
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V
<br /> <br /> Je suis une grande fan de ses racontars! Je n'ai pas encore tout lu mais j'avais beaucoup aimé aussi la trilogie Le garçon qui voulait devenir un être humain et  le roman Le<br /> jour avant le lendemain. Une littérature âpre, imprégnée des rigueurs de l'hiver du Grand Nord, qui, il est vrai, ne séduit pas tout le monde, mais dans laquelle j'aime plonger. Dépaysement<br /> assuré... surtout quand je les lis baignée dans la chaleur torride de mon île tropicale. <br /> <br /> <br /> <br />