Il faut qu'on parle de Kevin
Voilà un livre que je n’aurai sûrement jamais découvert si une copine libraire ne nous en avait parlé avec une telle ferveur que l’homme de la maison l’a aussitôt commandé. Et grand bien lui en a pris car voilà un roman dense, riche et terrible, dont on ne ressort pas tout à fait indemne.
A travers une série de longues lettres adressées à son mari Franklin, Eva Khatchadourian tente d’expliquer, de comprendre l’acte terrible commis par leur fils de 16 ans, Kevin, et d’y démêler sa part de responsabilité. Car un jour – ce fameux JEUDI, Kevin a tué sept élèves de son collège, un professeur et un employé de la cafétéria. Un massacre pour lequel il ne semble éprouver aucun regret. Et Eva de remonter le fil de sa vie, le fil de sa maternité complexe auprès de ce garçon qu’elle n’a jamais su ni pu aimer vraiment, leur relation se transformant rapidement en guerre sourde, nourrie de non-dits, de harcèlements et de suspicion. Eva dissèque quasi-cliniquement les seize années qui ont mené à ce jour fatal. Récit terrible d’un rendez-vous manqué avec la maternité, Il faut qu’on parle de Kévin ne se résume pas à une simple tentative d’explication d’un drame, aussi terrible soit-il. Il évoque bien plus que cette bataille rangée. Avec acuité, Eva analyse l’Amérique, ce pays de naissance auquel elle ne s’est jamais sentie appartenir complètement. Une société qu’elle n’a de cesse de fustiger, elle, la femme qui courait aux quatre coins de la planète pour échapper à cette Amérique imbue d’elle-même. Un livre dense de réflexions autour du couple, de la maternité, des compromis, de la société américaine, de la notion de liberté.
Il faut qu’on parle de Kévin de Lionel Shriver (traduit de l’américain par Françoise Cartano). Editions J’ai Lu/ 2008. (Paru en 2003 et en 2006 chez Belfond pour la traduction française).
Ils l'ont lu aussi:
Un "coup de massue littéraire" pour Eric Simard, pour Marécages, une « gifle véhémente mais des plus appréciables », l’avis plus mitigé de Papillon, le billet très détaillé et complet de Woland sur Babélio (si tu passes par là, Woland, et que tu peux me laisser le lien direct de ton blog, je veux bien!)
Un livre qui entre dans les défis blogosphériques ;-)
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