De mal en pis

Publié le par l'encreuse

Le jeune Sherman prend la poussière dans la librairie où il tente de gagner sa vie en attendant d’accéder à son véritable rêve : devenir écrivain. Il partage sa vie entre son meilleur ami, Ed, un puceau fan de Stars Wars, qui veut devenir dessinateur de BD, Stephen, professeur féru d’histoire et Jane, dessinatrice et illustratrice, ses colocataires. Mais aussi ses petites amies et ses coups de foudre. Si le synopsis de départ peut faire penser à Blankets (Manteau de Neige) de Craig Thompson : la vie et la découverte de l’amour d’un jeune homme – c’est bien plus complexe que cela. Car De mal en pis ( Box Office Poison en VO) prend un malin plaisir à dérouter le lecteur. Sherman n’est pas le personnage principal que l’on croit : grâce à des flash-back savamment emmenés et traités, Alex Robinson nous balade habilement dans la vie de chacun des personnages sans jamais nous perdre. Chacun prend ainsi chair et intensité, révélant ses blessures, ses doutes, devenant sous nos yeux terriblement humains. C’est peut-être ça la force de ce roman graphique fleuve : l’humanité. Tout au long des 600 pages (eh oui quand même !), on s’attache, on hait, on comprend, on excuse les  personnages. On a souvent envie de les aider, les pousser, leur souffler quelques conseils à l’oreille. En refermant le livre, j’ai quitté une bande de copains…

Le petit plus – totalement personnel : le métier de Sherman m’a rappelé ce que j’ai vécu pendant cinq ans. J’étais moi aussi libraire et l’image que l’auteur donne des clients est à peine exagérée ! D’abord, le fait que même si vous portez un badge, un tee-shirt au logo du magasin, quasiment tous vous demandent : « vous travaillez ici ? ». Quand nous étions obligés de porter un tee-shirt (moi qui déteste les uniformes, autant dire que j’étais aux anges) et qu’un client posait l’éternelle question, je répondais parfois avec humour mais toujours poliment : « ben oui, vous n’avez pas remarqué mon déguisement ? ». Et parfois, je me retenais car lorsque vous êtes sur un escabeau, une pile de livres à la main et que la question arrive tout de même, certains jours, je vous jure, on n’a pas beaucoup d’humour ! Et puis les demandes incongrues : celles où on se retient de rire tant que le client est là et qu’on raconte à la ronde après histoire de s’en payer une bonne tranche ou celles plus complexes car plus évasives « je l’ai vu hier à la télé, je ne connais pas l’auteur, je ne me souviens plus du titre et la couverture est bleue, ça j’en suis sûr ». Et bien là, en général, vous savez quoi, la couverture est rouge !

 

De mal en pis d’Alex Robinson. Ed. Rackham (roman grahique)

 

Comme il y avait un second titre de Robinson chez le même éditeur, je l’ai emprunté aussi : Bonus ! Comme son nom l’indique, on retrouve nos personnages quittés à regret à travers quelques tranches de vie : une scène de l’adolescence de l’une, une petite crise conjugale, quelques interrogations. Histoire de prolonger le plaisir… et en plus, une histoire de 24 pages réalisée lors d’une performance d’une traite pendant 24 heures.

 

Bonus ! d’Alex Robinson. Ed. Rachkam (BD)

Publié dans Des bulles dans la mer

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N
Je ne connaissais pas ton blog, c'est vrai que l'on a tendance à aller toujours sur les mêmes. Ce livre me plait bien et je l'ai noté moi aussi j'ai été libraire et maintenant je suis bibliothécaire et je connais ça aussi le livre dont on a oublié le titre et le l'auteur mais qui est passé à la télé... et aussi le truc qui m'agace : si on bosse en bibliothèque les lecteurs pensent qu'on a tout lu donc on sait tout,  Une fois j'ai enragé avec le sourire (c'est dur de faire ça!!) devant une dame qui m'a demandé les oeuvres complètes de Pascal Sevran, j'ai cru que j'allais lui voler dans les plumes!!!! je m'en remmettrais pas de celle çi!!  A bientôt
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L
Bienvenue Nina dans mon port! J'ai eu droit aussi une fois à : "jadore la littérature! Mon auteur préféré, c'est Pierre Bellemare!" Difficile de garder son calme...