Retour sur des lectures
« Nul ne pourrait dire que c’était un choix de ma part de tuer les jumeaux, pas plus qu’une décision de les mettre au monde. Ces évènements s’imposèrent l’un à l’autre comme une nécessité inéluctable, un des fils dont est tissée la toile de ce que l’on pourrait appeler le destin, faute de mot plus approprié… ». Ainsi commence ce terrible roman, récit froid et violent d’un homme assoiffé de connaissance jusqu’à l’inhumanité. Intéressé par le mystère qu’est le langage, il expérimente sur deux enfants jumeaux ses suppositions, avec la même distance qu’un scientifique face à des rats de laboratoire.
Dans un style épuré qui rehausse encore toute la violence contenue de ce narrateur effrayant, John Burnside nous offre ici un premier roman dur à la limite du soutenable, auquel on s’accroche cependant, peut-être parce que l’on ne peut croire à tant de violence.
La Maison muette de John Burnside. Editions Métailié (2003), paru en poche chez Métailié en 2008.
Un SDF, atteint d'un cancer de la gorge en stade terminal, s'enfuit, un soir, d'un centre de convalescence, à cause d'une soupe servie froide et cherche à retrouver l'hôpital où il a été soigné. Commence alors une errance d'une nuit, les pieds nus dans la neige, un pyjama sur le dos et une seule obsession: une soupe chaude.
Charles Masson, ORL installé à la Réunion, s'est inspiré de son expérience de médecin pour créer ce témoignage poignant, qui "n'a pas vocation de plaidoyer" précise-t-il dans la postface. Il donne, avec cette première création, un éclairage subtil du néant quotidien de ces êtres en marge de la société, qui vivent et meurent dans l'oubli.
Soupe froide de Charles Masson. Ed. Casterman/Ecritures (2003).