Retour sur des lectures

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Comme je viens de croiser en librairie le dernier roman de John Burnside, Un mensonge sur mon père et que Charles Masson dédicaçait le week-end dernier sa nouvelle BD, Droit du sol (que je n'ai pas encore lue), j'en profite pour vous livrer mes notes sur leurs écrits de l'époque parus sur un ancien blog peu fréquenté ;) : La maison muette et Soupe froide. deux beaux souvenirs de lecture.

« Nul ne pourrait dire que c’était un choix de ma part de tuer les jumeaux, pas plus qu’une décision de les mettre au monde. Ces évènements s’imposèrent l’un à l’autre comme une nécessité inéluctable, un des fils dont est tissée la toile de ce que l’on pourrait appeler le destin, faute de mot plus approprié… ». Ainsi commence ce terrible roman, récit froid et violent d’un homme assoiffé de connaissance jusqu’à l’inhumanité. Intéressé par le mystère qu’est le langage, il expérimente sur deux enfants jumeaux ses suppositions, avec la même distance qu’un scientifique face à des rats de laboratoire.

Dans un style épuré qui rehausse encore toute la violence contenue de ce narrateur effrayant, John Burnside nous offre ici un premier roman dur à la limite du soutenable, auquel on s’accroche cependant, peut-être parce que l’on ne peut croire à tant de violence.

La Maison muette de John Burnside. Editions Métailié (2003), paru en poche chez Métailié en 2008.



Un SDF, atteint d'un cancer de la gorge en stade terminal, s'enfuit, un soir, d'un centre de convalescence, à cause d'une soupe servie froide et cherche à retrouver l'hôpital où il a été soigné. Commence alors une errance d'une nuit, les pieds nus dans la neige, un pyjama sur le dos et une seule obsession: une soupe chaude.

Un monologue qui fait du lecteur le témoin de cette réalité, celle d'un SDF sans espoir, à la recherche de la dignité, jusque dans la mort. Au fil de cette déambulation, ce marginal nous livre sa vie, sa déchéance et sa révolte: sa famille perdue, son alcoolisme et sa colère contre l'humanité. Dans un jeu subtil d'alternance des vignettes entre la quête du SDF et les différents personnages qui l'ont côtoyé, l'auteur titille nos consciences et nous livre une réalité abrupte: un SDF meurt mais la vie continue et cette mort n'est qu'un fait divers de plus - entrefilet des quotidiens locaux, ouverture du journal de 20 heures. Une mort partagée qui ne la rend que plus anonyme.
Charles Masson, ORL installé à la Réunion, s'est inspiré de son expérience de médecin pour créer ce témoignage poignant, qui "n'a pas vocation de plaidoyer" précise-t-il dans la postface. Il donne, avec cette première création, un éclairage subtil du néant quotidien de ces êtres en marge de la société, qui vivent et meurent dans l'oubli.


Soupe froide de Charles Masson. Ed. Casterman/Ecritures (2003).

 

Laure en parle très bien ici

Publié dans lencreuse

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L
Je n'ai pas encore lu Droit du sol mais je l'ai acheté pour la bibli, et c'est en le feuilletant que j'ai vu qu'il vivait à la Réunion, ça ne m'avait pas frappée la première fois ;-)
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V
<br /> Mystère des machines: j'ai répondu hier mais rien de rien sur le blog aujourd'hui!<br /> Je disais donc que Loic avait lu Droit du sol ce week-end et beaucoup aimé. Qu'il me restait quant à moi le week-end pascal pour me rattraper.<br /> Eh oui Charles Masson vit à la Réunion depuis pas mal d'années (mm si son premier opus ne le montrait pas). Je l'ai d'ailleurs connu en tant que client de la librairie... tu sais dans mon autre vie<br /> ;-)<br /> <br /> <br />